HALTE AU PILLAGES INDUSTRIELS SUR NOTRE SOL!

Après 17 ans passés en Région Parisienne, nous sommes revenus nous installer dans le Lot. Sur l’air de « vivre et travailler au pays », nous pensions avoir trouvé notre « eldorado », mais celui-ci s’est vite transformé en enfer.

Alors, le Pays Bourian était plein d’avenir et se proposait d’accueillir de nouvelles familles avec de nombreux projets, les écoles se maintenaient avec des groupements scolaires dynamiques, le tourisme voyait son économie progresser, le tissu associatif était dense, en bref il faisait bon vivre en Bouriane.
Et puis Gérard Miquel est arrivé aux commandes du département et avec sa troupe de malfaisants du conseil général, il a condamné la Bouriane à être le terrain de l’exploitation industrielle minière. Le minerai de quartz devait avoir priorité sur tout et nous sur plus rien du tout. Les indigènes du pays bourian devaient disparaître ou devenir transparents, parqués dans des zones non ou peu minéralisées. Les quelques autochtones réfractaires à la pensée unique de monsieur Miquel et résistants regroupés en association étaient systématiquement diabolisés et marginalisés. La notion de droit privé devait s’imposer à tous, supplantant de fait, celle de l’intérêt général. Cette notion concrète qui repose sur des droits et des libertés publiques qui délimitent le champ de l’entreprise individuelle, avait disparu comme par enchantement.
Nous nous trouvions en prise directe avec un lobbying local, doublé d’un lobbying participatif, les entreprises industrielles entretenant des contacts étroits avec les politiques, sous couvert de les assister dans leur tâche décisionnelle. Ils ont proposé aux politiques des plans à long terme conformes à leurs propres intérêts. Les politiques ont toujours gardé le pouvoir de décider, mais sur des dossiers qu’on leur avait déjà préparés sur mesure. Combien de fois nous a-t-on servi la soupe des prétendus impératifs de marché au profit des intérêts privés, sans aucune considération pour la population contrainte à vivre dans ce monde libéral présenté comme seule alternative?

Aux carriers locaux de Saint Denis Catus, s’est ajoutée en 2002, une nouvelle exploitation minière Denain Anzin Minéraux, multinationale suisse, rachetée quelques années après par le groupe Imerys. A partir de ce moment nous avons eu à faire face, à une intensification de l’extraction de minerai avec la mise en œuvre de plateformes de stockage, conjointement à la déforestation massive par des coopératives forestières et à la forte dégradation du réseau routier.

Dans ces conditions, le projet touristique que nous avions mis en œuvre, bâti sur le concept d’une immersion dans une nature authentique devenait caduque. Ce projet avait pourtant été approuvé et soutenu par les politiques locaux. De ce fait, nous y avions investi toute notre capacité financière. Notre contribution en matière fiscale est devenue conséquente, et bien du jour au lendemain, quoiqu’on dise ou quoiqu’on fasse, seule l’exploitation minière comptait. Pour en arriver à de tels revirements, de la part des politiques, le lobbysme ne peut pas à lui seul tout expliquer, je reste persuadé que seule la corruption peut l’expliquer. Je n’ai qu’un regret, c’est que des zones géologiques à fort potentiel industriel comme la nôtre, avec un faible taux de densité de population au km2, ne puisse pas mobiliser plus largement pour faire obstacle à la destruction engendrée par le lobby industriel. Là où la corruption des politiques fait le lit du lobby industriel, la mobilisation et la solidarité nationale des peuples devraient permettre la conservation des territoires menacés. Nous sommes tous concernés, à tous les niveaux, et pas seulement par ce qui se passe devant notre porte.

Quelque part, être contraint d’abandonner son lieu de vie à une exploitation industrielle contre son gré et sans niveau légitime d’indemnisation, tout simplement parce que les conditions de vie sont devenues insupportables, est vécu personnellement comme un viol.

N’y aurait-il pas une quelconque légitimité à rentrer dans la clandestinité et dans l’illégalité pour résister à toute cette injustice et ce désastre écologique?

La Bouriane n’est pas « Notre Dame Des Landes » mais elle le vaut bien, pas pour le gaspillage d’argent public, mais largement au niveau du désastre écologique. Dommage qu’elle ne récolte que l’indifférence générale!

Rémi DE BOUTEILLER